Très engagé dans le dépistage du cancer du sein, l’IRS dispose de cette technique novatrice, l’angio-mammographie, qui permet de détecter des lésions mammaires invisibles à la mammographie et à l’échographie et d’effectuer des prélèvements. Elle offre ainsi une alternative à la biopsie sous IRM, plus contraignante, tout en accélérant le délai de prise en charge et le confort des patientes. Le groupe 3R compte désormais deux centres dotés de cette technologie avant-gardiste, l’IRS (Sion) et l’Institut de radiologie de La Côte (Nyon). Rencontre avec la Doctoresse Anna Maria Rosano, radiologue spécialisée dans les maladies du sein et responsable de l’IRS.
Quelle est l’innovation technique à la base de ce nouveau type de guidage pour la biopsie ?
La mammographie classique, telle que nous la connaissons habituellement, est une radiographie du sein numérisée et à faible dose d’irradiation. Elle fournit des informations morphologiques sur le sein et ses éventuelles anomalies, mais elle ne nous dit rien sur leur vascularisation. Or, cette dernière augmente dans une lésion cancéreuse qui a besoin de beaucoup de nutriments pour croître. Démontrer une zone très vascularisée dans un sein est donc une donnée essentielle pour la découverte d’un cancer. Il faut ensuite le prouver par une analyse au microscope du tissu suspect, ce qui est réalisable par une biopsie. Jusqu’à la mise sur le marché de cette nouvelle technologie avec le mammographe Pristina de la firme General Electric, cette vascularisation très augmentée n’était démontrable que par IRM. Pour cette nouvelle technique, l’appareil de mammographie est doté d’un module qui, grâce à l’injection par voie intraveineuse d’un produit de contraste iodé, réalise des images du sein en effaçant les structures normales, ne faisant ressortir que les zones très vascularisées. Nous visualisons ainsi avec précision les lésions cancéreuses.
Dans quels cas ce type de guidage pour les prélèvements sera-t-il proposé ?
Les examens de dépistage réguliers organisés par le canton ou prescrits par un médecin continueront à être réalisés par mammographie et/ou échographie. Quand les résultats obtenus par ces techniques sont non conclusifs ou douteux, nous devons réaliser un examen complémentaire de type IRM. Jusqu’à la semaine dernière, les patientes dont l’IRM présentait un rehaussement suspect, sans anomalie correspondante en mammographie et/ou échographie, devaient se rendre à Lausanne pour effectuer un prélèvement (macrobiopsie) sous guidage IRM. Elles auront dorénavant la possibilité de le faire à Sion sous guidage angio-mammographique, ce qui facilitera l’organisation de cet examen et réduira le stress qui lui est lié.
Quels sont les avantages et inconvénients de cette technique ?
L’angio-mammographie, tout comme l’IRM, permet de visualiser avec précision les cancers grâce à la mise en évidence de la vascularisation anormale et anarchique des lésions. Les deux techniques peuvent être utilisées pour guider un prélèvement visant à poser le diagnostic définitif par analyse au microscope. L’atout majeur de la biopsie sous angio-mammographie est la rapidité de l’examen, entre 20 et 30 minutes contre 45 pour la biopsie sous IRM, ce qui améliore considérablement le confort des patientes tout en accélérant leur prise en charge locale. Moins chère que l’IRM, cette nouvelle technologie constitue également une alternative pour les patientes qui présentent des contre-indications à l’IRM (porteuses de pacemaker, de neuro-stimulateur, de pompe à insuline ou souffrant de claustrophobie). Son seul inconvénient est l’injection d’un produit de contraste iodé, le même que celui utilisé pour les scanners. Mais que l’on effectue une biopsie mammaire sous IRM ou sous angio-mammographie, il y a toujours une injection de produit de contraste.
Quel est selon vous l’avenir de cette nouvelle technologie ?
La littérature scientifique internationale indique une augmentation du recours à l’angio-mammographie et aux prélèvements réalisés avec cette technique. Dans un avenir proche, le développement de ces nouvelles installations pourrait encore s’accélérer dans certains pays, en particulier dans ceux où il y a un manque de disponibilité en IRM. Le coût moins élevé des prélèvements sous angio-mammographie – combiné au haut niveau de précision des images obtenues – pourrait également contribuer au succès de cette technologie.